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'Revue de presse

«Déchiffrer sa voie, trouver sa voix, reprendre la Création»

 

Article paru dans la revue Web «Sentier de foi»

par Michel-M. Campbell, théologien de l'Université de Montréal

Sentierdefoi.info, juin 2009, volume 4, no16

De la sensualité de la méthode ignatienne, en passant par la rigueur de l’iconographie orthodoxe, jusqu’à l’éclosion d’un langage tout à fait original : le parcours personnel de l’iconographe Magdalie Nadeau.

Madame Magdalie Nadeau s’est d’abord initiée à la méthode de méditation sur la vie de Jésus que propose Ignace de Loyola. Celle-ci sollicite l’imagination, incite à créer des images (icônes, en grec) qui permettent de concrétiser notre relation à l’humanité du Sauveur. Ignace nous invite à voir les couleurs, à sentir les odeurs, le froid, à entrer dans les dialogues vécus autour du bambin de la crèche. Plus tard, il nous incitera à partager les sentiments du Fils de l’homme aux moments de sa passion.

Pour communiquer cette expérience, Mme Nadeau a pensé choisir la voie royale de l’iconographie orthodoxe. La production de l’icône s’inscrit dans une démarche acétique et mystique et se fait selon les règles très strictes d’une culture qui nous reste étrangère. Nadeau a dû renoncer à la complexité et, peut-être aux contraintes, d’une telle démarche pour en garder l’esprit. Ses icônes s’inséreront dans une démarche de méditation existentielle acculturée à notre époque. En somme, elle a renoncé à une voie (méthode, en grec) traditionnelle et pris le risque de déchiffrer sa propre voie, de trouver sa propre voix, sa propre parole. Elle a eu l’audace de sa liberté d’enfant de Dieu : inventer son langage pour redire la Parole aux gens d'aujourd’hui.

Mme Nadeau s’inscrit donc dans l’art moderne : le collage cubiste. Elle utilise un matériel simple : de la terre, des graines d’ici, du papier mâché, des photos de revues, des textes imprimés et de grands coups de pinceaux, non travaillés, qui surgissent spontanément dans le feu du risque de l’action. Car il y a là de l’audace (par exemple, oser coller le texte biblique dans un joyeux chaos) et surtout du lâcher-prise. L’artiste, comme le croyant ou la croyante, doit accepter de ne pas tout contrôler et de s’abandonner au gré du Vent.

Le résultat donne à penser. Regardons ensemble le détail de l’icône d’Emmaüs (voir l’Intériorité). Un monde de postmodernité, agnostique et pluraliste. La foi chrétienne ne s’y impose plus comme une évidence : ce n’est pas une scène biblique explicite qui occupe tout le tableau. Il y a à peine une référence biblique : un texte imprimé qui, pour la majorité, reste banal. Il faudra y croire s’y engager pour en saisir la valeur sacrée. En même temps, un monde pluraliste, ouvert, qui reconnaît l’expérience et la valeur d’une autre religion : ce Bouddha en méditation qui éclot en éveil. Dans ce monde, le Christ est caché comme sur le sentier de l’évangile. Contrairement à l’iconographie chrétienne traditionnelle, ce n’est pas lui qui est mis de l’avant. C’est nous qui posons problème, c’est notre cœur fermé, froid comme pierre, qui peut se réchauffer, se dilater dans la rencontre d’autres humains qui s’entraident ou dans la clarté du regard d’un enfant. Magdalie Nadeau a renoncé à l’or et au graphisme byzantins. Son matériau ne manque pourtant pas de noblesse. On a trop vite oublié que la terre, les grains comme les humains sont autant de créatures, de reflets de Dieue. D’un Dieue qui s’est fait humble jusqu’à désirer que nous reprenions, à notre tour et à notre manière, son geste de création.

En ce début d’été, de temps de vacances, on a souvent plus de chances de goûter à la valeur de la terre, de l’eau, de la végétation comme à la profondeur des relations humaines. Si vous êtes tentés, à votre manière, d’imaginer des liens entre tout ça qui donnent sens à la vie, voire se font prière, osez à votre tour. Le temps des vacances, le temps du lâcher-prise, le temps du Vent, le temps de re-créer.

Michel-M. Campbell, théologien

icone religieuse Emmaus aujourd'hui Magdalie Nadeau
Michel M Campbell

«L'art qui fait GRANDIR»

 

Article paru dans la revue «Notre-Dame du Cap»

par Valérie Roberge-Dion

Notre-Dame du Cap, sept. 2012, p.22-23

«Le Semeur sème dans ton jardin intérieur.

Il t’invite à sa suite à devenir jardinier-accompagnateur.

L’aider à prendre soin de Ses semences qu’Il dépose dans les cœurs.»

« Si le grain ne meurt…» Par Magdalie Nadeau. Médium mixte, 2007. Acrylique, pigment de terre d’ocre sur toile. Pépins de pommes du Québec, sable de Charlevoix et terre du Québec. Toile créée avec les pages mêmes d’une Bible: les passages des paraboles du Semeur et des semences selon les évangiles de Matthieu, Marc et Jean. Gravures de revues québécoises

«Je me sens comme dans un désert…», partage un homme à son accompagnatrice spirituelle, Magdalie Nadeau. « Un désert? Comment est-il, ce désert? Et si tu le dessinais?», relance-t-elle. Le discours humain est parsemé de symboles. Mettre en valeur ces images permet parfois de cheminer plus vite et plus loin qu’en parlant simplement. C’est ce qu’a remarqué Mme Nadeau au fil de sa pratique, où l’art occupe désormais une place de choix.

À 43 ans, cette mère de quatre enfants – dont un, en adoption internationale, – vit son rêve. Il y a quatre ans, elle et son mari ont acheté deux maisons au coeur de Jonquière, les ont reliées audacieusement par une passerelle, afin de créer une oeuvre unique : la Maison du Pèlerin d’Art-Vida. “L’idée était de mettre sur pied un lieu pour expérimenter l’Église dans un contexte familial, intime, où de petits groupes de personnes peuvent cheminer. Un lieu qui favorise la créativité à tous les niveaux, pour amener les gens à vivre les choses autrement”, se rappelle la fondatrice. Ainsi, la Maison du Pèlerin offre un espace pour être écouté. Magdalie est elle-même formée en accompagnement spirituel selon la pédagogie de saint Ignace, cours réalisé au Centre de spiritualité Manrèse après son baccalauréat en théologie. Elle s’entoure de trois thérapeutes spécialisées en relation d’aide et offre ses locaux notamment à des groupes de soutien pour les personnes atteintes de sclérose en plaque. Une chambre accueillante ajoute un attrait à cette maison-gîte, ouverte aux pèlerins de passage.

À LA RECHERCHE DES DÉSIRS DE VIE

Et l’art, dans tout ça? L’intervenante l’intègre de façon naturelle dans ses rencontres d’accompagnement. Nul besoin de talent particulier pour “nommer autrement” ce qui habite le coeur, en griffonnant de façon brute quelques mots ou images. L’artiste-peintre Linda-Pierre Bélanger se joint à Magdalie pour mettre la créativité au service de la croissance personnelle. En plus de travailler avec les symboles lors des séances d’écoute, l’accompagnatrice reçoit des personnes qui viennent spécialement pour créer une oeuvre, dans son atelier permanent. Au son d’une musique inspirante, sous le toit cathédrale de la grande pièce lumineuse, ces gens se mettent à l’ouvrage, guidés par Magdalie.

“Je suis une amoureuse des images. Depuis toujours, j’en découpe dans les revues et je les mets maintenant à la disposition de mes invités, dont la majorité n’est pas familière avec la création artistique. Dans une ambiance d’intériorité, ils réalisent un collage avec un vernis transparent. Ils ajoutent des éléments apportés au préalable, symboliques, souvent des objets de la nature.” Un peu de peinture à l’occasion, et voilà! Des oeuvres naissent, qui ressemblent intimement à leur auteur. Une semaine plus tard, les créateurs reviennent au studio et partagent avec la responsable au sujet de leur tableau. Elle explique son but : “Je veux aider à nommer les désirs de vie qui habitent chaque humain, parfois enfouis bien loin. L’art est un outil formidable, qui va chercher l’inconscient. Parfois, dans un symbole, se cache toute la sagesse pour aller plus loin. Mon image préférée est celle du papillon. La chenille, lors de sa transformation, perd toutes ses peaux, ce qui illustre bien la pédagogie de la croissance spirituelle. Il faut mourir à quelque chose pour vivre!”

LA BONNE NOUVELLE EN 3D

Elle-même est une artiste autodidacte, dont la création est le reflet d’un cheminement spirituel. Son médium de prédilection est bien original : les pages de la Bible! Elle médite longuement un passage, prie, en intègre les fruits dans sa vie, comme dans un processus traditionnel d’écriture iconographique. Sa touche personnelle : retirer ces pages et les coller sur un tableau, pour les laisser exprimer leur message dans la matière. “J’ai trois bibles qui ne servent qu’à ça! Je peux vous dire que les pages de saint Jean sont parties assez vite!”, confie l’artiste en riant. Après avoir complété ses tableaux par d’autres collages et des ajouts à l’acrylique, cette contemplative moderne joint un texte poétique qui ajoute une dimension à ses oeuvres. Ces dernières sont déjà bien appréciées dans la région, en particulier dans les milieux ecclésiaux. Elle développe présentement un site internet à son nom. •

Valérie Roberge-Dion

icone religieuse Le Semeur magdalienadeau
Valerie R Dion

«Faire confiance à sa créativité»

 

Article paru dans la revue Web «Sentier de foi»

par Jocelyne Hudon

Sentierdefoi.info, juin 2009, volume 4, no16

« Tu es béni, Dieu de la Création, Toi qui me donnes ces pages, ces feuilles, fruit de l’arbre et du travail des humains.

Je te les présente, elles deviendront nourriture pour la vie intérieure. » Magdalie Nadeau

Peut-on renouveler l'iconographie? Centrée sur la personne du Christ et mariant habilement pages bibliques, matériaux naturels, événements et parcours personnels, Magdalie Nadeau y parvient, à sa façon.

« Je voulais peindre des icônes à la manière orthodoxe. J’étais attirée par la mise en lumière et le processus de création qui était long et mûri. Il m’était impossible de prendre des cours. De plus, en dedans de moi, ça me disait de faire confiance à ma créativité. »

C’est ainsi que Magdalie Nadeau raconte les débuts d’une aventure spirituelle qui l’a conduite à la contemplation du Christ œuvrant au cœur des personnes et des événements. Elle a été amenée à composer des tableaux iconographiques. Ceux-ci se distancient de l’art habituel par les éléments qui composent l’œuvre, mais la manière de créer s’inscrit sur les traces des règles de l’iconographie traditionnelle. Cette mère de quatre enfants a reçu une formation comme accompagnatrice spirituelle au Centre de spiritualité Manrèse, à Québec, selon la pédagogie de saint Ignace de Loyola. Avec son mari, elle a ouvert la Maison du Pèlerin d’Art-vida, au Saguenay, une maison-gîte de ressourcement à caractère créatif. Au cœur de la ville, cette maison d’accompagnement spirituel offre des parcours de cheminement qui allient spiritualité et créativité.

Magdalie a été fortement touchée par la méthode ignatienne de contemplation des récits bibliques. Cette manière d’entrer par l’imagination et par tous les sens dans une scène biblique a imprégné en elle des images fortes tirées de la Bible. Nourrie de son désir de peindre des icônes, elle a commencé à mettre sur toile ce qu’elle voyait dans ses méditations. Elle a développé un médium unique, celui de travailler avec les pages mêmes de la Bible. Au début, elle craignait que des personnes ne soient choquées ou scandalisées par l’utilisation de ces pages comme matériau de ses tableaux. Mais l’appel était plus fort que la peur. Il lui fallait étaler ces pages sur les toiles afin de les laisser exprimer leurs messages dans la matière.

« Quand sa Parole passe par mon intérieur, mes doigts deviennent alors cocréateurs. Maintenant, observe le processus, chemin de dépouillement, car c’est Dieu qui fait croître amoureusement. » Magdalie

Pour chaque œuvre, elle prie, médite un texte biblique, l’approfondit par des recherches exégétiques et le porte intérieurement dans sa vie. Ensuite, elle retire ces pages du livre pour les façonner, les placer et les coller sur la toile selon l’inspiration. Parfois, c’est le texte lui-même qui déclenche le mouvement de création; parfois, elle crée un tableau destiné à une personne précise. D’autres fois, c’est une image, un événement de la vie ou une valeur à creuser qui sert de point de départ. Mais chaque tableau vise d’abord à mettre le fruit de ce que la parole de Dieu produit dans sa vie intérieure et son cheminement spirituel.

Quand on regarde la toile, ce qui frappe en premier, toujours, c’est le centre, le Christ. Sous diverses formes, tantôt très explicitement, tantôt plus voilé ou symboliquement représenté, le Ressuscité occupe l’espace au cœur du monde. Ensuite, tout autour, un collage d’images reflète le thème. Alliées au Christ, ces gravures parlent de la Présence dans le quotidien des jours, dans la vie entière. Christ se situe au milieu de ce qui nous arrive et de ce qui nous pousse à aller plus loin. Des couleurs d’acrylique, d’huile et des pigments d’ocre purs minutieusement ajoutés vivifient la toile. Des graines, des coquilles d’œufs, de la terre et du sable donnent du relief à son ouvrage et témoignent du fait que tout ce qui existe peut servir à rendre actuel et concret ce qui est révélé dans le texte. L’image conduit à rendre visible ce qui l’habite intérieurement.

S’incruste alors de plus en plus en elle cette certitude : « Tout peut concourir à ce que Dieu devienne présent à travers ce que je crée. Au départ, je ne sais jamais vraiment où je m’en vais. Mais quand j’ai terminé, je constate toute la richesse de ce qui m’a été donné pendant que je travaillais dans la fidélité à ce qui m’était inspiré intérieurement, même dans ce qui ne paraissait pas avoir de sens. Quelque chose me dépasse : je prie pour que Dieu passe par mes mains et mon cœur pour parler à la personne qui regardera le tableau. Je suis consciente de contribuer à cette œuvre qui n’est pas totalement de moi. Cela me demande un abandon de ce que je veux, moi. Il faut beaucoup de lâcher-prise. Mais j’aime ne pas savoir où je m’en vais, j’ai confiance qu’il y aura quelque chose au bout. »

Jocelyne Hudon

icone religieuse Christ Pantocrator magdalienadeau
Jocelyne Hudon
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